Dans cette série, notre collaboratrice Carolyne Brown part à la rencontre des Talents d’ici, nos commerçants phares qui prennent place au cœur du Mail Champlain. Partage, sincérité et proximité sont des mots qui résument ces entrevues. On vous invite à entrer dans leurs univers et découvrir l’humain qui se cache derrière chacun d’entre eux.
Rencontre avec Hervé Bigeni, Président de Boulangerie Ange Canada
Je connaissais un des fondateurs d’une boulangerie reconnue en France. Il m’a proposé de me joindre à eux. J’ai ouvert trois boulangeries assez rapidement, dont je suis toujours propriétaire en France. Quatre ans plus tard, le franchiseur m’a proposé de développer les boulangeries à l’international. J’avais de jeunes enfants et je trouvais que c’était une belle expérience d’aller à l’international. J’ai donc accepté le challenge pour le Québec puisque c’est une province francophone. En juin 2018, on a ouvert la première Boulangerie Ange à Boucherville.
Le métier d’entrepreneur : profession ou vocation ?
Je ne peux pas parler de vocation parce que j’ai appris le métier d’entrepreneur sur le tard. C’est autour de 40 ans que je me suis rendu compte que je ne voulais plus travailler pour une entreprise, mais plutôt pour moi. C’est en étant entrepreneur que j’appris que j’aurais aimé commencer avant parce que c’est intéressant de développer son entreprise, des emplois, etc.
Qu’est-ce qui vous distingue ? Quelle est votre marque de commerce ?
Ce qui nous distingue, c’est d’abord nos prix. Le concept Ange n’existait pas au Québec et plus particulièrement les offres promotionnelles. On fait des menus pour le midi, donc des offres en trio. On a essayé d’embarquer sur le marché en étant moins cher que nos concurrents, et ce, même avec des produits de qualité. Nous produisons tout sur place, que ce soit nos viennoiseries, nos pains, nos pizzas, nos sandwichs et nos salades. De plus, nos laboratoires sont à aire ouverte, donc nos clients peuvent voir la fabrication de tous nos produits. Chez Ange, c’est vraiment le produit qui est la star du magasin parce qu’il est mis à l’avant. Il n’y a pas de baguette cachée derrière nos comptoirs. On a une offre complète pour tous les instants de la journée. D’ailleurs, Boulangerie Ange fait partie du palmarès Wow 2021, des meilleures expériences en magasin au Québec.
Quel est le plus gros défi que vous ayez rencontré dans votre carrière d’entrepreneur ?
Le plus gros défi était qu’au départ, nous voulions faire un copier-coller de nos boutiques en France. Assez rapidement, je me suis rendu compte que ce n’était pas la bonne stratégie parce que ce sont des marchés complètement différents. Par exemple, en France, les Français rentrent tous les jours à la maison avec une baguette d’une boulangerie. Ça fait partie des habitudes de consommation. Les Français mangent du pain tout au long de la journée tandis que les Québécois peuvent se contenter d’acheter un pain à l’épicerie en début de semaine sans passer à la boulangerie. Ici, les viennoiseries fonctionnent de façon extraordinaire, le prêt-à-manger du midi est très populaire et le pain commence à marcher. Il fallait tenir compte des goûts différents des Québécois. J’ai dû m’adapter et voir ce qu’ils aiment.
Quel est le plus grand apprentissage que l’entrepreneuriat vous ait apporté ?
Mon plus grand apprentissage a été d’apprendre sur le Québec et les habitudes de consommation en très peu de temps. Par exemple, la Saint-Valentin et l’Halloween ne sont pas traitées de la même façon en France.
Qu’est-ce qui vous garde encore passionné ?
Développer quelque chose est gratifiant, tous les efforts que l’on fait sont récompensés. Si tout va bien, on aura bientôt entre 6 et 8 boutiques au Québec. Ça me donne envie d’aller plus loin. J’aimerais un jour devenir un incontournable dans ce secteur. Je veux être rapidement un acteur principal et important sur le marché québécois.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un futur entrepreneur ?
Il faut croire en ce qu’on fait. Il faut croire au produit et au concept, et après se lancer même si au départ ça ne fonctionne pas comme on souhaiterait. Il faut justement s’adapter et faire les ajustements. Il faut se retrousser les manches, évoluer et tenter. C’est la recette que j’ai employée et il faut avoir des collaborateurs qu’on peut suivre et sur lesquels on peut s’appuyer. On ne réussit pas seul, on réussit toujours à plusieurs.
Qu’est-ce que les gens retiennent de votre entreprise ?
Ils retiennent la qualité de produits qu’on leur propose. Je répète toujours à mon équipe qu’il faut miser sur la qualité et le service. Je veux que ma vitrine soit toujours belle afin que même le client d’après-midi soit satisfait par la variété de produits affichés dans la vitrine. Je dis toujours à mes collaborateurs : faisons notre boulot.
Ça dépend de la boulangerie. Tout dépend d’où la boutique se situe parce qu’elles n’ont pas les mêmes parts de marché. Les habitudes qui se retrouvent dans toutes les boulangeries sont les croissants, les tartes, le pain spécialisé et la pizza.
Quel est votre secret le mieux gardé ?
Notre concept, on veut être le plus transparent possible. Évidemment, je ne voudrais pas révéler certaines recettes.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour l’avenir ?
De continuer à développer la marque et devenir rapidement un acteur du marché québécois. La recette du succès est d’être exigeant pour ce qui est important : la qualité du produit, le service, la propreté des magasins, etc. Devenir zéro défaut ! Il faut que le client sente qu’il fait une bonne affaire.